Nina et les suffragettes
Jean-Françoise Roubaud
Nice-Matin, 15 July 1997
.. Libre comme le gospel, Carole Frédéricks rappellera au public de Cimiez qu'elle n'est pas tombée dans le top 50, mais que sa vie, sa foi et ses désirs ont été nourris à la source de toutes les musiques de liberation du peuple noir américain.
Eternellement féminin, il sera aussi sexy au bout du souffle de Candy Dufler.
Le "sex-appeal" de cette blonde et sculpturale déesse du jazz - décidément plus "Alerte à Malibu" que "Village Vanguard"! - a seduit Maceo Parker, Prince ou les Pink-Floyd.
Mais il sera sortout indomptable et fantastique avec Nina Simone.
Car Nina, elle, perpétue la tradition de la bohème swing. "My Baby Just Cares for Me" avait en 1984 remis sur orbite celle qu'on surnomma longtemps "High Priestess of Soul" (la Grande Prêtresse se la musique soul). Retour fulgurant. Et royalties à gogo.
Nina aurait pu soccomber à la tentation jet-set. Remballer sa morgue, se ranger des excès et couler des jours heureux sur un bon gros coussin de dollars, mais on ne se refait pas.
La revenante a, très vite, cassé son beau jouet.
Le jazz ne se vit pas dans la soie. Et Nina a repris le chemin de l'errance, au risque de brûler sa vie par le duex bouts. Mais fermament décidée à demeurer fidèle à "Four Woman": cette chanson honnie par la censure américaine au milieu des années soixante qui, bien avant le "Jungle Fever" de Spike Lee, mettait les points sur les "i" de ces haines cousines que sont racisme et machisme.